12.02.19

BLOG: Les facteurs clés du succès du Qatar en Coupe d’Asie

Article par Ian Stewart

Principaux points à retenir

– Le Qatar a tiré profit du sacrifice de sa possession de balle et d’une défense acharnée.

– Sur le plan défensif, ils ont concédé des occasions valant 0.56 xG pour 90 minutes, la plus faible de toutes les équipes.

– Sur le plan offensif, ils ont surperformé sur l’xG avec 9.41 buts au cours de leurs 7 matchs.

 

Après des résultats mitigés en matchs amicaux précédent la compétition, le Qatar a défié toutes les attentes en décrochant sa toute première Coupe d’Asie AFC au début du mois.

Après n’avoir gagné qu’un point lors de la dernière Coupe d’Asie en 2015, le Qatar s’est notamment imposé face à l’Irak, vainqueurs en 2007, à la Corée du Sud et aux EAU, hôte de la compétition, avant de battre le Japon 3-1 en finale.

Sous la houlette de Felix Sanchez, le Qatar a aligné la troisième équipe la plus jeune de la compétition, avec une moyenne d’âge de 24,7 ans. Plusieurs des joueurs qui avaient déjà joué sous le maillot de l’Espagnol en U20 et U23 et leurs performances, couplée à leur jeune âge, suggèrent qu’ils pourraient faire une ou deux surprises à la Copa America plus tard cette année, ainsi que lors de leurs débuts en Coupe du Monde à domicile dans un peu moins de 4 ans.

Pendant la compétition, le Qatar a adopté une approche tactique différente de l’équipe japonaise.  En utilisant des outils avancés et le modèle de séquence Opta, nous allons mettre en évidence les différences de style les plus importantes.

Rester compact sur le plan défensif

Le succès de Qatar repose sur leur solidité défensive- en 7 matchs, ils n’ont encaissé qu’un seul but.

Leur approche sans la balle était fondamentalement différente de celle du Japon. Sur les 24 équipes participantes, le Japon s’est classé 2ème pour la récupération dans le milieu de terrain, et 4ème dans le tiers offensif, ce qui laisse entendre qu’ils se sont battus agressivement assez haut sur le terrain.

En comparaison, le Qatar n’a atteint que les 16ème et 20ème rangs pour la récupération dans les mêmes zones, suggérant qu’ils étaient satisfaits de laisser la possession à leurs adversaires jusqu’au tiers défensif. Pour 90 minutes, l’équipe qatarie a concédé 9,6 tirs mais ces occasions ne valaient que 0.56 xG, le plus bas de toutes les équipes en compétition. Cela montre à quel point le Qatar a été efficace pour empêcher les occasions de but dans les zones dangereuses du terrain.

De plus, 46.5% des séquences de jeu du Qatar ont débuté dans leur tiers défensif, montrant encore leur volonté de jouer en profondeur et attendre que l’adversaire échoue dans leur propre moitié de terrain pour regagner le ballon.

En revanche, seules 32.6% des séquences de jeu du Japon ont débuté dès leur tiers défensif- seule l’Arabie Saoudite avec 29.2% affichait une proportion plus faible. En plus de renforcer la tendance du Japon à faire le pressing, cela pourrait également indiquer que les Japonais ont été moins agressifs près de leur propre but, afin de ne pas concéder de coups francs autour de la surface de réparation.

Conserver la possession et construire patiemment

Bien qu’il n’y ait qu’un petit échantillon, empêchant de tirer des conclusions définitives, il semblerait que le Qatar et le Japon aient mis l’accent sur la conservation du ballon une fois récupéré.

Le Japon avait de longues séquences de possession et se classait dans le haut de l’échelle pour les séquences supérieures à 9 passes, avec une moyenne de 16,4 pour 90 minutes, la quatrième meilleure de la compétition, contre 10,9 pour le Qatar. Cela suggère que le Japon pouvait exercer un plus haut degré de contrôle sur ses possessions, avec une moyenne globale de 3,6 passes par séquence contre 3,3 pour le Qatar. Les deux nations se sont classées parmi les sept premières de la compétition pour le plus long temps de séquence moyen et le plus grand nombre de passes par séquence.

Impitoyable devant le but

Un autre élément notable du succès du Qatar a été l’efficacité de ses tirs, 43,1 % des tentatives ayant été cadrées.

L’attaque qatarie a été la plus performante de la compétition, avec 19 buts marqués et surperformant leur xG de près de 10. Cette surperformance a peu de chances d’être portée à long terme, en témoigne le fait que le meilleur buteur du tournoi, Almoez Ali, ait inscrit 9 buts sur seulement 16 tirs, soit un xG de 3,08.

Classement de la compétition entre parenthèses

 

Des bases solides et une finition soignée

Le Qatar s’est imposé aux EAU en appliquant avec succès une stratégie complètement différente de celle adoptée par les nations les plus établies de l’AFC, dont la Corée du Sud, l’Australie et le Japon, en se concentrant sur la solidité défensive et une possession de balle moindre. Ils n’ont eu en moyenne que 48,5 % de possession de balle lors du tournoi (44,9 % lors des matchs éliminatoires), mais ils ont utilisé le ballon efficacement lorsqu’ils l’ont récupéré et ont fait preuve de plus d’efficacité dans le tiers offensif.

Si leur surperformance sur l’xG ne sera peut-être pas renouvelée, leur succès pousse leurs prochains adversaires en Copa América, le Paraguay, la Colombie et l’Argentine à réfléchir sur la manière de concevoir des stratégies pour pénétrer les lignes qataries et les déstabiliser, afin de créer des occasions plus nombreuses et plus nettes devant le but que ne l’ont fait leurs sept adversaires en Coupe d’Asie.

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